Archives par mot-clé : bateaux

Week end du 03 et 04 octobre, l’été indien

Eté indien annoncé avec ses couleurs automnales, son doux soleil rasant,  et son vent aux abonnés absents.  Inutile de se presser donc pour l’équipage composé de Marc Vdb en  skipper, Daniel D en second et les autres,  Jean-Claude G, Laurent Adam (invité de Marc) et moi-même.

Les borains seront sur place vers 11h30 après un périple qui les a  promenés de Jurbize, Baudour à Dottignies  et Nieuport via l’autoroute de Bruges … Encore heureux que Marc n’a  pas dû tenir compte des horaires de marée  dans la région de Kortrijk et du courant dans celle de Brugge !

Dans l’intervalle, le bateau, rendu très propre par l’équipage  précédent, était apprêté par le régional de l’étape  qui accueille ses coéquipiers avec l’avitaillement et la promesse d’un  apéro pas trop lointain sur le pont.

Le musoir est atteint vers 13 heures et Bob retrouve son élément  limpide, bleu comme rarement, et lisse comme  une mer d’huile. Le vent atteint les 5/6 noeuds et est de secteur est.
Nous faisons le choix de prendre la  direction de Gravelines en tablant sur une marée haute à 17h30. Pour le  lendemain, ce serait un lever à l’aube  naissante pour un départ à 07h00 au plus tard avec petit-déjeuner et  douche à Dunkerque.

Voileux dans l’âme, nous décidons de nous balancer mollement sous le  couvert d’un genois bien ouvert et d’une grand-voile  sans ris. Je fais connaissance de mes voisins du bord que je côtoie pour  la première fois:

– Daniel Dagrain, évadé belge au pays d’Agde et qui nous revient avec  ses compétences ingénioriales, la sagesse d’un âge  qui le rapproche du mien, et son extrême gentillesse titillée par une  pointe d’humour délicieusement posée;
– Laurent Adam, invité de Marc et professeur de guitare de profession  qui nous gâtera tout au long du parcours de morceaux  choisis dans les domaines du blues, du rock, du hard métal, du folk  irlandais et autre et de la chanson française,  mais aussi de ses extraordinaires compétences aux niveaux musical,  historique et pédagogique. Laurent est le professeur  particulier de Marc qui, heureusement (?) n’a pas emporté son instrument
(de musique). Nous eussions droit à des duos que  ma tablette Samsung n’aurait sans doute pas été capable de tenir en mémoire.

Jean-Claude, qui nous a été amené par André C a déjà navigué en début de
saison avec André Rob et fait donc figure d’ancien.  Originaire de Courcelles, dont il garde la nostalgie, il a posé ses  pénates dans la fière cité de Dottignies à la suite  de son fils, kiné dans ce noble village mouscronnois.

Voilà pour le team qui n’a rien de conquérant aujourd’hui et qui fait  rapidement honneur au Pays d’Oc rosé et au blanc frappé  délicat des Côtes de Blaye. Les sandwiches sont avalés dans la foulée et  la sieste musicale s’installe aussi naturellement  qu’un dessert de qualité. Honte sur nous qui négligeons nos objectifs et  ne tenons compte ni du vent, ni du courant qui nous  freine. Notre valeureux moteur imprime un pénible 3,5 milles à l’heure
et ne nous permettra pas d’arriver dans les temps à Gravelines  que nous laisserons au loin dans nos fantasmes de diner au “Turbot”, rue  de Dunkerque.

Ce sera donc Dunkerque, ses fumées, son port de commerce, ses bateaux de  pêche, son activité mais également des voiliers en nombre  et des couleurs que nous lui voyons rarement. En quête d’un resto pour  terminer la journée, nous essuyons les refus de quatre d’  entre eux, complets pour ce samedi soir et négligeons l’aubaine d’une  énorme tente installée sur le port avec dégustation d’huîtres  à volonté… Nous aboutissons donc à l'”Essentiel”, rue Winston  Churchill à plus d’une demi-heure à pied de Bob. Heureusement,  l’essentiel était dans l’assiette et le sourire de la patronne aussi.
Bonne adresse donc !

La matinée de dimanche sera studieuse. Marc, Daniel et Jean-Claude  s’attaquent au remplacement de notre écho-sondeur-speedo atteint  de DMLA (déficience maculaire liée à l’âge présentant un rond central  opacifié). Le Raymarine acheté par Joseph chez Westdiep apparaît  dans toute sa nudité noire et inspire Laurent qui distille à sa vue un
blues appuyé suivi d’une chanson mélancolique à souhait de  Emily Loiseau. Le bonheur est sur le pont et bientôt dans le tableau de  bord qui s’orne rapidement à gauche d’un nouveau cadran cerné d’un trait finement ciselé par Marc de silicone blanc. L’équipage
admiratif s’apprête à fêter l’événement quand je constate qu’à la  droite du petit nouveau qui annonce fièrement la profondeur du port de  Dunkerque, le cadran dédié au vent n’indique plus rien…
Mon habituelle discrétion, qui n’exclut pas, vous l’aurez constaté, une  faconde coutumière de mes rapports épistoliers, m’interdit  de poser sur le papier certains écarts de langage qui n’eurent même pas  besoin d’être exprimés. Notre PSG est homme de médecine  et sait en toutes circonstances exprimer d’un oeil toute la verdeur des
sentiments ressentis.

L’on ouvre à nouveau le ventre de la console et réparons le récalcitrant  qui donnera rapidement de nouvelles données de vent qui  …. se lève : 9, 10, 11, 12 noeuds dans le port et de secteur ouest. Le  portant nous appelle et nous levons l’ancre. Il est 13 heures
et sommes en mer qui n’est que lac, et voiliers qui se dandinent sans  plus un pet de vent ! Notre nouveau cadran indique fièrement la  profondeur du chenal de Dunkerque, mais est oublieux du reste! Il faudra  donc se repencher prochainement sur le problème qui réside
peut-être au niveau de la sonde …

Retour comme aller donc avec énormément de convivialité et de bonheur  d’être là avec des amis anciens et nouveaux qui font que avec vent  ou sans la voile est à mes yeux un formidable vecteur de sérénité.

Nous rejoignons Nieuport avec la cohorte des marins qui s’engouffrent  entre les jetées du port et laissons Bob en H après une manœuvre  d’appontage gérée de main de maître par Daniel, tout heureux de  retrouver ses sensations.

Voilà un bien long message pour une aussi courte expédition. Je m’en  excuse auprès de vous, mais reste heureux de partager avec mes  lecteurs les impressions d’un converti “sur un tard” aux merveilles de  la mer.

Yves
petit rapporteur